L’enneigement
est au rendez-vous à l’approche de l’hiver. Du haut de ses 1845 m, le Mont Margériaz est, au cœur du massif des Bauges, le premier sommet de cette altitude en venant de l’Ouest. Les précipitations y sont fréquentes et les aménageurs de la montagne y ont vu un site parfait pour un stade de neige au début des années 1980.
A l’écart des pistes de ski en cours de damage,
nous nous élevons en forêt de Margériaz au départ de la Place à Baban. Sur ce site calcaire, l’eau a creusé des gouffres, lapiaz et rigoles d’une ampleur exceptionnelle au fil des temps géologiques. Appelés scialets en Chartreuse et chourums dans le Dévoluy, ces trous dans la roche sont dénommés tannes dans les Bauges. Elles forment des galeries d’une profondeur et d’une longueur insoupçonnées, mises au jour par l’érosion du plafond de roche les surplombant. Certaines de ces tannes furent exploitées en glacières : l’on extrayait des blocs de glace qui étaient transportés en vallée en taillés en glaçons pour les restaurateurs de Chambéry et d’Aix-les-Bains !
Ce terrain karstique
fait partie des richesses géologiques du massif des Bauges et plus généralement des Préalpes Nord Occidentales. En hiver, les imposantes couches de neige remplissent partiellement ces anfractuosités et forment des creux et des bosses de toute beauté. Parcourir ce décor en raquettes à neige est absolument merveilleux. Savoir s’orienter dans ce dédale naturel est indispensable : il faut alors se fier aux parcours balisés ou faire appel à un(e) professionnel(le) de la montagne.
A l’approche de la crête du Mont Margériaz,
l’ambiance devient brumeuse en cette journée de décembre. La pyramide esthétique du Mont Colombier se laisse désirer entre les rideaux de brume. Il souffle un vent à décorner les bœufs mais nous poursuivons tout de même jusqu’au point culminant. Nous apprécions un pique-nique bien mérité en compagnie des chocards à bec jaune bien disposés à profiter des rares miettes de pain que nous laisserons derrière nous.
Le parcours de crête jusqu’aux contreforts du Col de la Verne
ne présente pas de difficulté particulière et se révèle dans toute sa splendeur. Fouler la neige fraîche en raquettes est un plaisir dans cesse renouvelé : avec la transformation de ce matériau naturel, sous l’effet du vent et de l’ensoleillement, sa texture change constamment.
Randonner en hors-pistes
permet ainsi de sentir de multiples textures de neige sous les raquettes. Nous travaillons ainsi notre proprioception. Nous bouclons notre périple en forêt enchantée de la Combe de la Verne puis par une piste bien tracée jusqu’à la Place à Baban.
Une belle journée en raquettes à neige
en somme. Le prélude à une superbe saison d’hiver qui s’annonce !